L'art brut ressourcé
L'époque héroïque de l'Art Brut et ses zones d'élection, psychiatriques, carcérales et spirites, sont aujourd'hui révolues. Pour autant, l'Art Brut n'a perdu ni sa vitalité ni sa virulence. Il découle d'autres sources, notamment de ce qu'on pourrait appeler les « ateliers participatifs », qui se démarquent de l'art-thérapie, c'est-à-dire d'une relation institutionnelle de pouvoir ; ils engagent au contraire une réciprocité artistiquement fructueuse. Les personnes en déficience physique ou mentale qui les fréquentent, dès lors bénéficiaires d'une assistance personnelle et matérielle, y répondent par des productions qui nous interpellent en contre-champ sur la normalité elle-même.
Dans le même temps - et ce n'est pas une coïncidence - on a vu l'émergence, à l'échelle planétaire, de micro-collectivités et d'autoorganisations du genre ZAD, installations rurales communautaires, squatteurs, graffeurs, etc., qui se signalent par un art du recyclage, par une effusion plastique inventive, par une participation en extension, qui nous tirent de notre sidération platonique et bigote en matière d'art.
Le propos de cet ouvrage n'est donc pas de recenser des artistes handicapés qui prendraient la relève des Aloïse, Adolf WolfIi, Augustin Lesage et autres figures historiques de l'Art Brut - il faut laisser ce genre de prospection, de score et de cotation au sport, au business et à l'art qu'on dit « contemporain ». Il s'agit tout à l'inverse de rendre compte d'une reconfiguration, d'une transversalité et d'une pratique de l'art coextensive à l'ensemble des activités humaines - reconfiguration si ce n'est préfiguration, tant il est vrai que, par écho inversé, les événements se répercutent dans l'art avant de se produire comme réalité...
(sous réserve de confirmation)
Largeur : 14.0 cm
Epaisseur : 1.4 cm